
C’est officiel ! Ce 1er janvier 2022, la France a pris le relais de la Slovénie pour assurer la présidence de l’Union européenne. Sur une période de 6 mois, elle aura la responsabilité institutionnelle de faire avancer les négociations sur un certain nombre de politiques européennes, et de pouvoir inscrire ses priorités dans l’agenda européen.
Concrètement, que faut-il attendre de la présidence française ?
Chaque pays membre de l’UE est en charge de la présidence tournante pour une période de 6 mois. Cette présidence est considérée comme un temps fort de la politique du pays. Celui-ci doit organiser divers événements (sommets, réunions ministérielles informelles, conférences, manifestations culturelles etc.) en lien avec son programme et qui s’inscrit dans le travail des institutions.
Ainsi, du 1er janvier 2022 au 30 juin 2022, la France organisera pas moins de 400 événements auxquels s’ajouteront les réunions des ministres européens à Bruxelles et Luxembourg. Ces événements présentent des intérêts multiples : en plus de faire rayonner le territoire français, ils permettent une meilleure participation de toutes les parties prenantes de la société civile : citoyens européens, universitaires, experts, fonctionnaires, élus seront amenés à contribuer au développement de la PFUE. La carte des événements organisés en France est disponible ici.
Relance, puissance, appartenance
La présidence française ne cache pas son ambition avec la devise «Relance, puissance, appartenance». Trois axes prioritaires ont été identifiés et présentés par Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 9 décembre 2021.
Une Europe souveraine
Tout d’abord, il s’agit selon M. Macron de faire de l’Europe une «Europe souveraine» avec une véritable maîtrise des frontières de l’espace Schengen. A-travers un véritable pilotage politique et la création d’un mécanisme de soutien d’urgence, la France a pour objectif d’avancer sur le paquet migratoire européen en travaillant notamment avec les pays d’origine et en harmonisant les règles de droit d’asile et d’accompagnement.
La souveraineté de l’Europe passe également par une politique de défense commune plus aboutie avec le développement de la «Boussole stratégique». La PFUE aura ainsi pour but de construire une industrie de défense européenne. D’un point de vue opérationnel, il s’agira également de définir une souveraineté stratégique européenne, de mener des exercices militaires conjoints et de définir un nouvel espace de conflits sur le plan maritime mais aussi spatial et cyber. Dans cette optique, des discussions sont attendues au mois de mars.
Enfin, ce premier volet de la PFUE sera aussi l’occasion de mener une véritable politique de stabilité avec le voisinage. Dans cette perspective, la France a souhaité mettre l’accent sur les relations avec l’Afrique. Un sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne sera organisé les 17 et 18 février afin de développer des initiatives telles que : la lutte contre les systèmes de passeurs, le financement des économies africaines, le développement de structures d’enseignement et du système de santé primaire et l’accompagnement à la transition énergétique et climatique.
La question des Balkans occidentaux sera également une priorité lors de ces 6 mois. L’objectif est avant tout de lutter contre les interférences des grandes puissances régionales (Chine en tête) et de clarifier les perspectives européennes de ces pays. Une Conférence sur les Balkans occidentaux sera organisée en juin.
Un nouveau modèle européen de croissance
Le deuxième axe de la PFUE2022 s’articule autour de l’enjeu de faire de l’Europe une puissance économique et commerciale indépendante et écologique. Pour préparer son élaboration, un sommet consacré au «nouveau modèle de croissance et d’investissement» se tiendra le 10 et 11 mars.
Ce modèle de croissance serait possible par le développement de filières industrielles innovantes et indépendantes en technologies et en matériaux.
La décarbonation de l’économie ferait également partie des priorités. A ce titre, plusieurs mesures ont été évoquées par le Président Macron comme le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, la mise en place de «clauses miroirs» dans les accords commerciaux induisant des obligations environnementales, et enfin la lutte contre la déforestation importée.
Ce nouveau modèle européen de croissance repose aussi sur l’idée de faire de l’Europe une puissance numérique, en créant un marché intégré du numérique, attirer les financements vers l’innovation et les talents.
Enfin, les politiques européennes de l’emploi font partie intégrante de ce nouveau modèle défendu par M. Macron. Celui-ci souhaiterait que l’Europe propose des emplois de qualité et mieux rémunérés : des directives sur les salaires minimums et la transparence salariale sont à prévoir.
Une Europe à taille humaine
La dernière priorité de la présidence européenne est de rapprocher l’Europe de ses citoyens. Il s’agit ici de défendre l’ensemble de valeurs et de droits qui a forgé l’Union européenne. Cela passerait par la création d’un fonds de soutien européen pour le journalisme d’investigation, l’élargissement de la liste des infractions pénales sur les crimes et les discours de haine, et enfin un renforcement de la législation contre les violences faites aux femmes.
Afin d’assurer la consolidation de cette identité européenne, Emmanuel Macron souhaite bâtir un cadre académique européen afin de réaliser une historiographie de l’Europe. Une réunion avec plus de 40 universités européennes sera tenue au mois de juin afin de consacrer cet «Esprit européen» et de bâtir une Académie d’Europe.
Pour finir, dans le cadre de l’Année européenne de la jeunesse, le Président français a annoncé la création d’un Service civique européen afin que chaque citoyen européen entre 16 et 25 ans aient la possibilité d’effectuer un mission au service des autres et de partir en mobilité européenne.
Le programme du trio (France, République Tchèque, Suède) assurera la continuité de la PFUE
La France n’est évidemment pas seule pour mettre en œuvre ces politiques ! Les piliers de la PFUE font partie intégrante d’un programme commun (le «programme du trio») élaboré par la France, la République Tchèque et la Suède et approuvé le 14 décembre. Les priorités de ce programme sont : la protection des citoyens et des libertés, la promotion d’un nouveau modèle de croissance et d’investissement européen, la construction d’une Europe plus verte et enfin une Europe globale championne du multilatéralisme.
Le programme de la présidence française bénéficiera d’une continuité avec la présidence tchèque (au second semestre 2022) et la présidence suédoise (au premier semestre 2023).
Pour accéder au site internet de la PFUE 2022 : https://bit.ly/3qnleKf
Pour consulter le programme du trio : https://bit.ly/3srETLZ
Pour consulter le calendrier des événements PFUE : https://bit.ly/32iTMW4
Crédit photo : © Ghislain Mariette / Présidence de la République